Il se roule par terre dans la rue lorsque vous lui refusez une sucrerie… Il hurle, le soir, lorsque vous ne lui servez pas un plat qui lui fait envie. Toutes les mamans ont déjà été confrontées à un moment de frustration chez leur enfant, plus ou moins facile à gérer. Stephan Valentin, docteur en psychologie et spécialiste des enfants, auteur du livre, JE VEUX ! JE VEUX ! Comment dire non à son enfant, nous donne quelques clefs pour mieux vivre cette phase d’opposition.
Comment peut-on définir la frustration chez un enfant ?
C’est la déception de ne pas avoir ce qu’il désire. Une incapacité à gérer un échec comme un refus.
La frustration est souvent associée à un caprice. Est-ce différent ?
Un caprice, c’est de la frustration, mais à un autre niveau. Finalement, frustration ou caprice dépendent de l’appréciation de l’adulte qui les interprète. En tant que parent, on apprend avec chaque crise à mieux comprendre les manifestations de frustration de son enfant. Mais chaque relation parents-enfant est différente. Même quand on a plusieurs enfants. Certains parents passent au-dessus des moments de frustration quand d’autres sont toujours estomaqués par les crises de leur bambin. Il est important de souligner que la frustration chez l’enfant est quelque chose de tout à fait normal. Nous aussi, en tant qu’adulte, nous ressentons cette frustration, mais nous arrivons, à mieux la canaliser. Cependant, certains ne sont pas capables de gérer leur frustration, par exemple dans les relations amoureuses. Grâce aux conflit avec l’autre, l’enfant comprendra très jeune que ses désirs ne s’inscrivent pas forcément dans un principe de réalité. On ne peut pas tout avoir dans la vie.
La frustration se manifeste chez les enfants par une tempête émotionnelle. Comment la canaliser ?
Le seuil de tolérance de la frustration est très différent d’un enfant à un autre. Et il ne faut pas mettre cela sur le dos des parents. Tout ne passe pas par l’éducation, cela dépend aussi du caractère de chaque enfant. Les enfants ne ressentent pas leurs émotions de la même façon, car ce sont des êtres uniques. En tant que parent, il est possible de prévenir les frustrations, c’est-à-dire, en anticipant les situations pour lesquelles l’enfant peut faire une crise, comme quand on arrive au supermarché, on avertit qu’on achète juste les courses pour le repas et non des sucreries ou des jouets. De fait, l’enfant se prépare et comprend qu’on ne va pas faire les courses pour lui. Essayez d’éviter de dire qu’on n’a pas l’argent, car les plus jeunes enfants vont dire « tu n’as qu’à aller à la banque ! » et les plus grand vont peut-être se culpabiliser. Les crises de colère sont une expression, surtout quand il est petit, de son incapacité à attendre ou de se projeter dans un avenir. Ce qu’il veut, il le veut maintenant. Il est dans une immédiateté. Le cerveau de l’enfant n’est pas mature dès sa naissance, c’est un processus qui prend du temps.
La réponse du parent à la frustration de son enfant l’aide-t-il ?
Oui, cela l’aide à gérer ses sentiments et c’est à ce moment-là qu’on lui donne les clefs pour mieux gérer cette situation dans le futur. On ne peut pas grandir sans frustration, c’est impossible. Un enfant s’élève avec beaucoup d’amour et avec des limites pour que, plus tard, en tant qu’adulte, il tolère ses échecs. Les enfants observent aussi beaucoup ses parents et les prennent comme modèle. Être positif, c’est très important pour que l’enfant soit dans le même état d’esprit. On peut montrer à son enfant que l’on peut trouver dans la frustration un compromis. La colère mérite d’être exprimée, sinon il y a le risque que l’enfant retourne sa colère sur lui-même. Il faut qu’il extériorise. Il est bien aussi de détourner l’attention de l’enfant avec autre chose. Cela va désamorcer la crise. Quand un jeune enfant touche par exemple à un objet qui lui est interdit, on lui met dans la main un objet qu’il peut manipuler. Il va comprendre qu’il ne peut pas tout avoir, mais qu’on essaye au mieux de l’aider à assouvir ses désirs de découvrir le monde. Il faut toujours prêter attention à ce que l’enfant veut, il ne faut pas le mettre de côté dans la maison. En revanche, les parents ont aussi le droit de dire Non.
Peut-on parler à son enfant pendant qu’il fait une crise ?
Tout dépend du degré de la crise. Si un enfant se jette par terre te pleure, il n’entend plus. Il se ferme. Il faut juste l’aider à se calmer. Donc soit on le sort du magasin ou si la crise a lieu à la maison on se met chacun d’un coté pour que tout le monde se calme et ensuite on parle. Parfois intervenir en pleine crise ne fait que la renforcer.
Comment poser des limites à un enfant ?
Il faut poser des limites, car la société est bâtie sur des règles et des lois. Si on veut vivre bien avec les autres, il vaut mieux avoir incorporé petit des limites. Au plus tard en maternelle, l’enfant comprendra que des règles sont là à la fois pour le protéger et pour respecter l’autre. Il faut aussi que la maison tourne bien donc chacun doit respecter des règles qui gèrent l’harmonie à la maison. À partir de la phase d’opposition, deux ans, on peut mettre en place des règles simples. Il ne faut pas mettre en place plus de cinq règles à dix règles, comme ranger sa chambre, venir à l’heure au repas etc. Il faut faire participer aussi l’enfant et lui demander si lui aussi veut mettre des règles en place pour que son quotidien se passe mieux.
Un article de Magali Vogel