Comment tient-on debout quand un tsunami émotionnel s’abat sur soi ?
Sur le moment, je ne me suis pas posée la question. L’homme que j’aimais depuis 20 ans avait quelqu’un d’autre, il m’a donné deux options : accepter ou divorcer. J’ai choisi la seconde. Notre conversation a duré un quart d’heure. Ça a été affreux mais je n’ai jamais craqué devant les enfants (aujourd’hui âgés de 10 ans et 7 ans et demi, ndlr). Il fallait que je tienne, pour eux. Je voulais rester leur repère.
Quelles ressources êtes-vous allée chercher ?
Au quotidien, ma mère s’est avérée un soutien sans faille. Il se trouve qu’elle est psy, on a donc pu échanger aussi souvent que j’en avais besoin. Elle a aussi pris les enfants en charge quand cela était nécessaire. J’ai aussi été très soutenue par mes amis et ceux que nous avions en commun, mon ex-mari et moi. Ils ne se sont pas gênés pour lui dire ce qu’ils pensaient de la situation mais n’ont jamais fait de choix entre lui et moi. Quand il y a des soirées, c’est compliqué mais on y va tous les deux. C’est un peu comme si on les avait en garde partagée. Idem avec ma belle-famille. L’une de mes grandes craintes, au moment de la séparation, c’était de ne plus voir grandir mes neveux et nièces, de couper les liens avec ma belle-famille qui compte énormément pour moi. Ils ont été géniaux. J’ai perdu l’amour de mon mari mais pas le leur. On continue de se voir, ils me soutiennent. Je n’y suis plus pour Noël et Pâques mais on a nos moments privilégiés sans parler de choses qui fâchent même si je connais très bien leur point de vue. De temps en temps, on bitche un peu avec ma belle-soeur, ça fait du bien.
Qu’est-ce que cette séparation totalement inattendue a fait émerger comme réflexions ?
Je me suis dit qu’il fallait en tirer quelque chose de positif mais avant d’en arriver là, j’ai été grattée là où ça fait mal. J’avais forcément ma part de responsabilité. J’ai toujours cru que je pouvais tout maitriser et là, tout m’échappait. Finalement, ça m’a libérée de ne plus avoir besoin de tout maitriser. La première année m’a servi à comprendre, je souffrais atrocement. J’étais en boucle, je me demandais "pourquoi ?" sans pouvoir y répondre. Je me suis réfugiée dans une bulle avec les enfants. J’essayais de mettre ma souffrance à distance pour les protéger. Et puis le brouillard s’est désépaissi. J’ai assumé ma part. J’ai commencé à construire mon futur en comprenant mes erreurs. Je couvais trop mon mari, je ne m’affirmais pas assez…
Que s’est-il passé à l’issue de cette première année ?
Je me suis redécouverte. Prise dans mon quotidien, je m’étais oubliée. J’étais devenue passive. J’ai appris à dire non. Enfin !
Comment vont vos enfants ?
Ma fille parle facilement avec moi ou avec ma mère. Elle avait besoin de comprendre ce qu’elle considère comme une trahison de la part de son père. Elle est toujours très en colère contre lui. C’est son côté corse. Avec mon fils, c’est plus difficile parce qu’il verbalise peu. Il était assez déprimé au début, il semble aller de mieux en mieux.
Et vous, comment allez-vous ?
Ce n’est pas parfait mais je vais plutôt bien. Il me manque un petit amoureux…
Vous êtes seule depuis deux ans et demi ?
J’ai eu quelqu’un quelques mois après notre rupture. Ça m’a sauvé la vie parce que ça m’a permis de me détacher de mon mari. Mais au bout de huit mois, il avait envie que je m’engage davantage. Je ne voulais pas jouer à la famille recomposée heureuse. Ça ne me fait pas rêver. Ça aurait même tendance à me filer de l’urticaire. Je veux quelque chose de léger. Du coup, en attendant, j’ai pris un chat.
Vous ne vous projetez plus dans une histoire d’amour ?
Si. Je n’ai juste pas envie d’une vie de famille. Ce que j’ai eu pendant 20 ans c’était super. Je n’aurai pas mieux. Et puis j’ai découvert une liberté précieuse. Je ne me sens jamais seule. Etre avec quelqu’un c’est un plus mais ça ne vient pas combler une solitude. Je suis bien avec moi-même. Pour être claire, je souhaite rencontrer le deuxième homme de ma nouvelle vie. Je le mérite.