Vous sembliez très heureuse dans votre vie de couple, mariée depuis 30 ans, mère et grand-mère de famille nombreuse, et subitement un tsunami éclate. Votre conjoint part, incompréhension, panique, vous qui n'aviez jamais vécu seule, la solitude devient votre quotidien. Comment avez-vous vécu ces premiers mois lorsque tous les repères s'effondrent ?
Très mal bien sûr... d'autant que je n'ai rien vu venir. Mon modèle de famille unie pour la vie s'écroulait, j'étais trahie par un homme que j'aimais. En me mariant, j'étais passée du foyer parental au foyer conjugal sans avoir vécu seule dans l'intervalle, bref tout concourrait à ce que je m'écroule d'autant que je ne me considérais pas très forte psychologiquement, mon passé l'avait démontré !
Passé le temps de l'effondrement, vient celui de la reconstruction, comment cela s'est-il passé pour vous ?
Il m'aura fallu 3 ans. Lorsque mon mari m'a fait part de son intention de partir, j'ai été terrassée, avec l'impression que le ciel me tombait sur la tête... s'en sont suivis des nuits terribles faites d'insomnies et de cauchemars, je me réveillais le matin pensant l'espace de quelques instants sortir d'un mauvais rêve. Mais le rêve était réalité. Passé le choc et la stupeur, la vie reprend le dessus et je ne voulais pas me laisser abattre. J'ai la chance d'être très énergique voir parfois hyper active, cela m'a considérablement aidé. Mon emploi du temps était chargé, ma famille et mes amis m'ont porté à bout de bras ; l'absence de temps libre a été pour moi très bénéfique : en fonçant je n'avais pas trop le temps de penser ! Heureusement aussi mon cadre de vie n'a pas changé après son départ, je restais chez moi, dans mon environnement que j'aime particulièrement et ma vie professionnelle se poursuivait de la même façon, c'est lui qui quittait le navire.
Apparemment vous avez réussi à surmonter cette épreuve, quels ont été vos points d'appuis ?
Avec le recul, je peux dire que j'ai tenu essentiellement grâce aux autres, j'ai été portée par mon environnement au sens large et je suis bouleversée aujourd'hui de voir toutes ces personnes qui ont convergé sur mon chemin, contribuant ainsi à me soutenir et me remettre en marche. Je pense bien sûr d'abord au premier cercle : mes chers enfants qui sont adultes, mes frères et sœurs et mes parents qui ont été de véritables tuteurs. Je passais des heures au téléphone avec l'un de mes frères, il avait toujours les bons mots, même à 23h si je l'avais déjà appelé la veille, je réalise aujourd'hui tout ce temps d'écoute qu'il m'a donné, quel réconfort ! Je disais aussi à l'époque que je tenais grâce à mon kit de survie ! Dans ma besace il y avait en effet un avocat, un psychologue et un médecin, il m'était indispensable d'être soutenu e dans tous ces domaines.
Avec du recul, quel regard portez-vous sur la façon dont vous avez traversé l'épreuve ?
L'épreuve abime la personne qui la subit, c'est une évidence. J'ai l'image d'une blessure sur la peau, elle finira toujours par se refermer mais la cicatrice restera visible ad vitam.... Me concernant c'est le cas, il n'y a pas un jour où je n'y pense pas, mais le ressenti est différent, je suis plus apaisée même si j'ai encore de gros coups de blues, mais comme beaucoup de monde je pense ! Chacun vit différemment les épreuves, d'ailleurs nul n'est vraiment à l'abri ! Mais je crois qu'on peut en ressortir grandi, c'est important de voir toutes les petites lumières qui clignotent sur nos chemins, autant de veilleuses qui indiquent la bonne direction, celle qui nous mène vers la lumière après les années de ténèbres. Personnellement j'ai touché du doigt ce que représentent les liens familiaux forts et l'amitié inconditionnelle, toutes ces personnes qui sont toujours là au bon moment.
Quels conseils pourriez-vous donner à quelqu'un se trouvant en pareille situation ?
Il est difficile de donner des conseils, car chacun est unique avec ses forces et ses faiblesses. Je pense qu'il faut prendre soin de soi, laisser le temps au temps et qu'il est important de connaitre les étapes par lesquelles on passe pour se remettre d'un choc ou d'un deuil, ce sont les mêmes. Tout en se respectant, il faut veiller à ne pas sombrer dans la mélancolie, même si c'est une étape quasi incontournable dans le cheminement. Rester aussi en capacité de voir ce qui va mieux, de s'en émerveiller ; pour soi bien sûr mais aussi pour les autres qui investissent tant de temps et d'énergie pour vous. S'ils n'en voient pas les fruits, ils pourraient se décourager ! Sortir, voir du monde, ne pas refuser les mains tendues permet aussi de penser à autre chose et de se distraire. Toutes ces rencontres sont autant d'occasions d'agrandir son cercle amical si précieux !
Une devise ?
Oui : « ce qui est fait n'est plus à faire » ! Elle correspond bien à mon tempérament d'active très structurée. Dans mon histoire elle m'aura aidé, le fait d'abattre les innombrables démarches et dossiers administratifs inhérents à un divorce les uns après les autres, m'a occupé l'esprit et ce faisant empêché de ruminer et permis d'avancer !
Patricia en 14 questions
1. Le principal trait de mon caractère. Sensible
2. La qualité que je préfère chez un homme. La droiture
3. La qualité que je préfère chez une femme. La générosité
4. L'image que j'aimerai refléter. Heureuse
5. Votre mot préféré. Amour
6. Le mot que vous détestez. Relativisme
7. Votre passe-temps favori. La décoration
8. Le métier que vous n'auriez pas aimé faire. Avocat
9. La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné. Golden retriever
10. Mon rêve de bonheur. Finir ma vie en couple
11. Une personne qui m'a marquée Ma grand-mère
12. Ce que qui vous révolte. Le mensonge
13. Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence. Les fautes par faiblesse
14. Ma devise. « regarder devant »