Il a d’abord fallu accepter puis prendre ses marques. En réalité, l’homo sapiens a une très grande faculté d’adaptation et le confinement a clairement eu des effets bénéfiques. Il y a eu un temps pour repenser la déco, faire du rangement, du ménage, s’habituer au télétravail et trouver un moment, dans la journée, pour revêtir sa tenue de professeur des écoles. On a appris à lâcher prise, à se concentrer sur des choses essentielles, à renouer un contact plus étroit avec la famille ou à céder aux apéritifs en Facetime, on a compris ce qui comptait et ceux pour qui on comptait… Bref, on a surtout eu le temps de ne pas réussir à s’ennuyer. « Une part importante de célibataires s'accommode tout-à-fait de leur état de solitude. Le statut de "célibataire" n'est pas plus à plaindre que celui du "en couple". Quelque part cette plainte suppose de nous renvoyer constamment à une société pour qui fait du couple l'horizon de tout. Justement, cela doit inviter les solitaires et les personnes célibataires à penser que le couple n'est pas forcément la clé du bonheur. » ainsi s’exprimait récemment la psychanalyste Sophie Cadalen au micro de France-Inter.
Depuis l'allocution d'Emmanuel Macron le 16 mars, l’audience des plateformes comme AdopteUnMec, EliteRencontre ou Meetic… a chuté de 45%, tandis que celle des applis mobiles avec géolocalisation a baissé de 65% et jusqu’à 70% pour les sites spécialisés dans les sorties entre célibataires.
Du côté des sites de rencontres, on note des changements d’habitude depuis le début du confinement. « Comme il n’y a aucune possibilité de se voir en vrai, on prend davantage le temps de se parler. » détaille Stéphanie, 43 ans. Interrogée par le Point, Héloïse des Monstiers, la directrice France de Meetic dit avoir « la conviction que de belles histoires se créent » en ligne pendant le confinement, « car les gens ne s'arrêtent pas au superficiel ». Le site s’est rapidement adapté à la situation, proposant des podcasts « Amour et confinement » et des vidéos de « love coaching » pour, notamment, « prendre le temps de se recentrer » et « préparer la rencontre postconfinement ». Les « visio-date » ont pris le relais des rendez-vous dans les bars et les restaurants. « Ca créé de l’attente et de la frustration d’un point de vue physique. Du coup, on est obligé de placer les échanges sur un autre plan pour pallier ce manque. » sourit Raphaël, 28 ans. Si nombreux sont ceux qui expriment leur frustration, il y a moins de volontaires pour évoquer la façon dont celle-ci est gérée. Mais si l’on considère que, depuis mi-mars, la fréquentation des sites de vente en ligne de sex-toys et celle des sites pornographiques a augmenté de 50%, on obtient une piste de réflexion. Alors? Merci qui?